L’alimentation des chèvres est un pilier fondamental de la réussite en élevage caprin. Qu’il s’agisse de production laitière, de production de viande ou d’un élevage mixte, la qualité et l’équilibre de la ration influencent directement la santé, la fertilité et la productivité des animaux.
Contrairement aux bovins et aux ovins, les chèvres sont des brouteuses sélectives : elles préfèrent les arbustes, feuilles et herbes riches, et utilisent de manière optimale les ressources disponibles. Cependant, pour atteindre un rendement optimal, il ne suffit pas de laisser les animaux pâturer librement : il faut équilibrer leur alimentation avec des fourrages, concentrés, minéraux et une bonne gestion des pâturages.
Cet article présente en détail les bases de l’alimentation caprine et les meilleures pratiques pour améliorer la productivité de votre troupeau.
I. Comprendre les besoins nutritionnels des chèvres
1.1. Les besoins énergétiques
- Dépendent de l’âge, du poids, de la production laitière, de la gestation et du niveau d’activité.
- L’énergie provient principalement des fourrages (herbes, foin, ensilage) et des concentrés (céréales, tourteaux).
- Une chèvre laitière en lactation peut avoir des besoins énergétiques 2 à 3 fois supérieurs à ceux d’une chèvre non productive.
1.2. Les besoins en protéines
- Essentielles pour la croissance musculaire, la production de lait et le développement des jeunes chevreaux.
- Sources principales : luzerne, trèfle, tourteau de soja, graines de coton.
- Une ration insuffisante en protéines entraîne une baisse de lactation et une perte de poids.
1.3. Les besoins en fibres
- Les fibres favorisent la rumination et la digestion.
- Indispensables pour maintenir la flore microbienne du rumen.
- Provenant des fourrages grossiers : paille, foin, herbes sèches.
1.4. Les besoins en vitamines et minéraux
- Calcium et phosphore : importants pour la croissance osseuse et la production de lait.
- Sodium et oligo-éléments (cuivre, zinc, sélénium, cobalt, iode) : essentiels pour le système immunitaire et la fertilité.
- Les carences entraînent des maladies métaboliques, troubles de croissance ou baisse de reproduction.
II. Les fourrages : base de l’alimentation caprine
2.1. Pâturage naturel
- Source principale de nourriture pour les chèvres.
- Elles préfèrent les arbustes, broussailles et jeunes pousses.
- Permet de réduire les coûts d’alimentation, mais nécessite une bonne rotation des pâturages pour éviter le surpâturage.
2.2. Foin et ensilage
- Fournissent une alimentation stable en dehors des périodes de pâturage.
- Le foin de luzerne est riche en protéines et minéraux.
- L’ensilage de maïs ou d’herbe apporte de l’énergie et facilite la conservation des fourrages.
2.3. Valorisation des ressources locales
- Utilisation de sous-produits agricoles : pulpes de betteraves, drêches de brasserie, résidus de récolte.
- Permet de réduire les coûts tout en diversifiant l’apport nutritionnel.
III. Compléments alimentaires pour chèvres
3.1. Les concentrés énergétiques
- Céréales : maïs, orge, avoine.
- Fournissent une énergie rapide, indispensables pour les chèvres en lactation ou en engraissement.
- Attention : excès → risque d’acidose ruminale.
3.2. Les concentrés protéiques
- Tourteaux (soja, coton, tournesol).
- Farines de légumineuses.
- Favorisent la production laitière et la croissance musculaire.
3.3. Minéraux et vitamines
- Bloc à lécher ou supplément minéral adapté aux caprins.
- Apport régulier pour éviter les carences (ex. : carence en cuivre = perte de poils, baisse de fertilité).
- Importance du calcium-phosphore pour les chèvres laitières.
IV. Gestion des pâturages
4.1. Rotation des pâturages
- Prévenir le surpâturage et la dégradation des sols.
- Permet de limiter les infestations parasitaires.
- Garantit un fourrage toujours disponible et de bonne qualité.
4.2. Association avec d’autres espèces animales
- Le pâturage mixte avec ovins ou bovins réduit les risques de parasitisme.
- Améliore l’utilisation des ressources végétales.
4.3. Gestion de l’eau et des abreuvoirs
- L’eau doit être propre, fraîche et disponible en permanence.
- Une chèvre laitière peut boire 4 à 6 litres par jour, davantage en été.
V. Alimentation selon les stades physiologiques
5.1. Chevreaux et jeunes chèvres
- Colostrum dans les premières heures pour l’immunité.
- Passage progressif au fourrage et aux concentrés après quelques semaines.
- Suivi du poids pour assurer une croissance optimale.
5.2. Chèvres en lactation
- Besoins énergétiques et protéiques élevés.
- Alimentation équilibrée : fourrage + concentrés + minéraux.
- Apport supplémentaire en calcium pour éviter la fièvre de lait.
5.3. Chèvres gestantes
- Dernier tiers de gestation : augmentation des besoins nutritionnels.
- Suppléments énergétiques et protéiques pour assurer un bon développement fœtal.
- Attention aux excès → risque de dystocie (mise bas difficile).
5.4. Béliers reproducteurs
- Alimentation riche et équilibrée pour maintenir fertilité et condition corporelle.
- Suppléments en zinc et sélénium favorisant la qualité du sperme.
VI. Prévention des troubles alimentaires
- Acidose : causée par un excès de concentrés. Prévenir par un apport suffisant en fibres.
- Ballonnement : éviter les changements brusques d’alimentation et limiter l’accès à certains fourrages frais.
- Carences minérales : surveiller l’état du pelage, la fertilité et la production.
- Parasitisme : gérer la rotation des pâturages et vermifuger régulièrement.
VII. Innovations dans l’alimentation caprine
- Capteurs connectés pour surveiller la rumination et la santé digestive.
- Logiciels de gestion pour ajuster les rations selon le poids et la lactation.
- Distribution automatisée de fourrages et concentrés.
- Utilisation de sous-produits agro-industriels (pulpes, tourteaux locaux) pour réduire les coûts et limiter le gaspillage.
Conclusion
Une alimentation équilibrée et adaptée est essentielle pour optimiser le rendement des chèvres, que ce soit en production laitière, viande ou mixte.
- Les fourrages doivent constituer la base de la ration.
- Les compléments énergétiques, protéiques et minéraux assurent la productivité.
- La gestion raisonnée des pâturages permet de maintenir la durabilité et la santé du troupeau.
- L’adaptation de l’alimentation aux stades physiologiques des chèvres garantit une reproduction réussie, une lactation optimale et une croissance harmonieuse.
En combinant pratiques traditionnelles et innovations modernes, les éleveurs peuvent atteindre un rendement élevé tout en préservant la santé et le bien-être des animaux.
FAQ – Alimentation caprine
❓ Quelle est la base de l’alimentation des chèvres ?
Le pâturage et les fourrages (herbes, foin, ensilage), complétés par des concentrés et minéraux.
❓ Comment améliorer la production laitière d’une chèvre ?
Apporter une ration riche en énergie et protéines, avec des minéraux adaptés, notamment calcium et phosphore.
❓ Les chèvres peuvent-elles se nourrir uniquement de pâturage ?
Oui, mais pour une production optimale de lait ou de viande, il faut compléter avec des concentrés et minéraux.
❓ Quels minéraux sont essentiels pour les chèvres ?
Calcium, phosphore, sodium, cuivre, zinc, sélénium et iode.
❓ Quelle quantité d’eau consomme une chèvre par jour ?
Entre 3 et 6 litres, selon la production et la température.












